Art Mélody
Du flow incisif pour éveiller les mentalités
Mamady Konkobo à l’état civil et Art Mélody pour les mélomanes est de retour au bercail après un séjour dans l’Hexagone. Depuis son arrivée, il ne fait qu’écumer les différentes scènes de la capitale. A la recherche de sensations et de son public, Art Mélody n’hésite pas quand on fait appel à son talent. Quid de prester sans cachet ? Seule la satisfaction du travail bien fait et le plaisir du public lui procurent joie. Le centre culturel Georges Kaboré, l’Institut français (IF-BF) ou encore le centre culturel allemand lui ont ouvert leurs portes. Au Goethe-Institute le vendredi 14 juin 2013 où nous l’avons croisé sur la scène, il s’est véritablement défoncé en acoustique avec ses deux amis musiciens. Culottes buggy, Chaussures montantes, T-shirt, de façon simpliste, Art Mélody est plus remarquable dans son flow que dans l’apparat. Comme il le dit lui-même, quand il est au pays, il aime se fondre dans la masse, intégrer les clans des jeunes dans les périphéries de la ville, vivre le ghetto en somme. «Le combat de l’Afrique pour l’Afrique se joue en Afrique, aux côtés des siens», a-t-il relevé comme pour souligner son engagement social à travers le micro car, il faut le dire, c’est une bête de scène avec des textes incisifs qui “éveillent les mentalités“. Son dernier cru en date, “Wogdog Blues“ sorti cette année en France et téléchargeable sur internet est en passe de consacrer l’artiste dans sa carrière. De ses trois albums solo sortis en 2009, 2011 et 2013, on ne retient que l’artiste s’invite de plus en plus dans un style typique. Un rap chanté en mooré en mode hard-core dans de la “sauce“ africaine, pas du genre «à imiter ou à suivre le rap français ou américain». Pour ceux qui ne connaissent pas Art Mélody, il est venu à la musique en 1997 avec le mouvement hip hop qui faisait rage dans les capitales africaines. Ce n’est qu’en 2008, avec la rencontre de réalisateurs français à Ouagadougou, que son destin prend une autre tournure. «J’ai tourné dans leur documentaire où j’ai eu neuf minutes pour poser mes textes. L’année suivante, ils sont revenus pour compétir au Fespaco mais également enregistrer mon tout premier album. Dès lors, tout s’est enchaîné. Je débarque en France en 2010 où j’enregistre mon 2e album qui est sorti en 2011 ; ensuite, je sors un opus en duo avec mon pote Joey le soldat et, enfin, mon dernier qui est sorti cette année. Beaucoup de tournées, de scènes mais aussi de rencontres enrichissantes », raconte-t-il. Même s’il a un regret pour la “mauvaise“ posture du rap au Burkina Faso, Art Mélody reste serein et confiant pour la suite des événements. «Le mouvement n’est pas en bloc. On va en rangs dispersés et c’est fatal pour nous. Je crois que le rap a toujours sa place dans le paysage musical au pays».
Lassané Ouédraogo
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